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Urban Bouldering

Pour une grande majorité, la forme la plus naturelle de l’escalade se trouve loin des gyms intérieurs; c’est bien évidemment l’escalade de rocher. Pour plusieurs raisons, que ce soit des contraintes de temps, de température ou de distance,la pratique de l’escalade extérieure n’est pas toujours une option. Pour ceux qui voudraient trouver une alternative, il existe une autre forme d’escalade qui vous permet de grimper à l’extérieur, et ce, en étant beaucoup plus accessible: le urban bouldering.

Le urban bouldering est un dérivé du buildering, consistant à grimper sur des buildings et structures artificielles urbaines. Le plus connu dans ce domaine est certainement Alain Robert, un Français ayant grimpé les buildings les plus hauts au monde sans corde ni protection. Opérant la plupart du temps dans l’illégalité, Robert se fait habituellement arrêter au sommet de ses ascensions.

Bien évidemment, vous n’êtes pas obligé de mettre votre vie en danger pour pratiquer le buildering. En effet, le bouldering urbain vous permet de pratiquer l’escalade de bloc, mais sur des structures artificielles que l’on retrouve en ville. Il s’agit du même concept que le bloc extérieur, mais en pleine ville. Vous n’y retrouverez pas la même quiétude qu’en forêt, mais au moins, vous pourrez jouer dehors!

À quoi ça peut bien ressembler, des problèmes de blocs en ville? Ça peut être des structures de ponts, des murs des briques, murs de bétons, des sculptures, etc. À Montréal, il existe plusieurs endroits pour le urban bouldering. Certains problèmes ont été grimpés il y a plus d’une décennie et d’autres continuent d’être repérés chaque année. Un peu comme le bloc de rocher, la limite n’est que la vision des grimpeurs. Prenons par exemple le désormais célèbre (un peu!) viaduc de Rosemont, ou Julien Bourassa-Moreau a établi un bloc en compression, proposant une cotation de V12.

Les premiers à avoir fait du bloc dans les rues de Montréal furent probablement le crew des oiseaux, c’est-à-dire Antoine Séguin (Canardo), Mathieu Elie (La Mouette), Jean-Mathieu Nichols (Serviette) ainsi que Jean-Marc de la Plante. Ils auraient été les premiers à prendre le concept du bouldering et tenter de l’appliquer en ville. Évidemment, plusieurs grimpeurs effectuaient des traverses sur des murs de briques avant ces derniers. Cependant, ils ont amené cette version du sport à un autre niveau, en envisageant de grimper des structures pour la beauté des lignes et des mouvements, tout en leur donnant un nom et une cotation. À partir de ce moment, le groupe cherchait désormais à trouver la ligne la plus inspirante parmi le mobilier urbain.

Selon Antoine, c’était La Mouette qui était à l’avant du mouvement et qui arrivait souvent avec des nouvelles lignes à grimper. Le urban bouldering, c’était maintenant quelque chose de sérieux. Si les gars ont commencé à faire du urban bouldering, c’était en premier lieu pour continuer à grimper lors des chaudes journées d’été. Puis, de fils en aiguille, l’intérêt de faire de bloc en ville prenant une importance en soi, allant même jusqu’à remplacer l’escalade extérieure lorsqu’ils avaient des contraintes de temps du au travail par exemple. Ainsi, ce groupe de grimpeurs a établi, à partir de 2004, de nombreux blocs à travers la métropole. Lorsque Antoine me racontait ses histoires, il se souvenait très bien des classiques, le proj du métro de Lasalle, les blocs de l’Université de Montréal, les fissures du Stade Olympique, le viaduc Van Horne, entre autres. Certains de ces lignes, très difficiles, faisaient plus de 20 pieds en hauteur. Il s’agissait donc définitivement de piliers dans la croissance du sport qui, mentionnons-le, reste encore plutôt marginal. Seulement quelques adeptes ont suivi le pas de façon sérieuse depuis les 15 dernières années.

Toujours motivés, les gars avaient produit un court vidéo, Disturban Behaviour, documentant leur sport et leurs ascensions. Ils avaient d’ailleurs remporté le premier prix lors d’un festival de film à Montréal.

Parmi les autres adeptes du urban bouldering, on retrouve les frères Bourassa qui ont grimpé plusieurs lignes à Montréal. En voici quelques exemples, vous trouverez les coordonnées dans la description de chaque vidéo.

Si le urban bouldering vous intéresse, il y a tout de même quelques aspects importants à ne pas négliger. Le fait de grimper sur des édifices privés est illégal, donc il n’est pas suggéré de choisir vos problèmes en plein centre-ville, je vous promets que vous ne grimperez pas longtemps. Choisissez des endroits plus calmes ou l’achalandage est moindre. Encore mieux, faire du buildering la nuit permet de rester loin des regards curieux (et de la police). Parce que oui, si vous voulez faire du urban bouldering, vous aurez malheureusement à dealer avec la police à un moment ou un autre.

The Corner (V5). Photo: Marc-Antoine Vigneault