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Passer du gym au crag 101

Pour ceux qui pratiquent le sport depuis plusieurs années, l’automne est souvent synonyme de performance. L’air est frais, les prises collent, c’est le moment de l’année où la température nous permet de repousser nos limites physiques. Vous savez, votre projet de l’été avec les slopers glissants ? Facile en octobre.

Pour les grimpeurs qui ne pratiquent l’escalade que depuis quelques mois, la tentation se fera vite sentir. Avec la popularité croissante du bloc, plusieurs en seront à leur première sortie extérieure cet automne. Au Bloc Shop, les prises sont évidentes, les difficultés sont inscrites aux départs de chaque bloc, la surface de réception est idéale, et la chalk est fournie. À l’extérieur, il y aura des roches ; rien d’autre ! Jadis, à ma première sortie de bloc extérieur, on utilisait des petits matelas de lit protégés par des sacs de poubelles pour protéger nos chûtes. Plutôt embarrassant, n’est-ce-pas ? Je vous propose donc quelques trucs et conseils qui m’auraient bien servi à l’époque. Pour les habitués, un petit rappel sur l’éthique et les bonnes habitudes n’est jamais mauvais.

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La Base

Commençons par l’équipement requis. Si le matériel nécessaire pour l’escalade apparait moindre en comparaison avec d’autres sports, un oubli mineur pourrait tout de même gâcher votre journée d’escalade. Les surfaces de réception au Québec sont habituellement inégales et plutôt dangereuses, vous aurez donc besoin d’un crashpad (ou de plusieurs, si on se dit les vraies choses.) Plusieurs options s’offrent à vous : grands, petits, épais, mince. De plus, en termes de qualité, certains sont beaucoup plus durables que d’autres. Selon mon expérience, les crashpads Organic se démarquent par leur qualité, et ils dureront une éternité. Ça tombe bien, on en vend à la shop ! Autrement, la MEC vous proposera d’autres options en regard aux marques et modèles disponibles.

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Évidemment, vous ne retrouverez pas de bacs à chalk parmi les blocs dans la forêt. Vous devrez donc apporter un sac de pof. Il n’y aura pas non plus de brosses de 20 pieds. Apportez la vôtre, vous ne le regretterez pas. Les prises à l’extérieur deviennent rapidement glissantes sans brossage. Les plus motivés apporteront leur propre pôle, les autres se contenteront de « taper » leur brosse sur une longue branche pour atteindre les prises hors de portée. Inutile de mentionner que vous aurez besoin de vos chaussons et de tape (parce que la roche, ça use rapidement la peau).

Étant donné notre proximité avec les Laurentides, votre première sortie se déroulera probablement dans cette région. Pour le bloc, la destination évidente est habituellement Val-David, puisqu’elle offre l’expérience la plus facile, autant pour l’accès que pour l’état des blocs. De plus, un livre-guide vous fournira toute l’information requise sur le site et les problèmes de blocs qu’on y retrouve.

Plusieurs aspects sont à considérer. Celui qui prime sur tout: LEAVE NO TRACE. Lorsque vous quittez un site de grimpe, il devrait être plus propre qu’à votre arrivée. Vous rapportez vos déchets, et vous devriez même en profiter pour ramener ceux qui furent laissés par les âmes insensibles vous précédant. De la sorte, la nature reste propre et l’accès aux sites n’est pas constamment menacé. Si vous avez des amis qui vous amènent dans un site plus underground, gardez en tête que la grande majorité des sites de blocs outre Val-David est sur des terrains privés. Soyez donc conscient que deux choses : vous n’avez probablement pas le droit d’y être. Deuxièmement, vous n’avez probablement pas le droit d’y être. Ce seront mes seules explications sur l’accès mitigé aux blocs dans les Laurentides en raison de la complexité du sujet (et de son potentiel de controverse), mais il faut garder cela en tête.

Particularités

Maintenant que vous connaissez la base pour pratiquer le sport à l’extérieur, nous survolerons les particularités offertes par ‘’le déhors’’. Si vous êtes habitués de suivre les prises rouges pour finalement terminer les deux mains en contrôle sur la dernière prise, ça se passe un peu différemment à l’extérieur. Vous la saviez probablement déjà, mais votre cerveau prendra un certain temps à s’y adapter. Peu importe le niveau que vous grimpez au Bloc Shop, vous trouverez difficile d’atteindre ce niveau rapidement à l’extérieur. Différents facteurs entrent en jeu : les prises sont plus difficiles à voir, plus complexe à utiliser, moins positives qu’à l’intérieur, les mouvements sont plus difficiles à comprendre ou imaginer, et les prises de pieds sont beaucoup plus subtiles, entre autres. Surtout considérant la tangente sur laquelle évolue l’escalade intérieure depuis la dernière décennie, ayant pour effet de la différencier grandement de l’expérience extérieur en terme de style, la transition entre les deux mondes n’est pas toujours facile.

Au départ, il peut être difficile de différencier l’engagement de la difficulté. Est-ce qu’un mouvement en particulier est difficile parce qu’il requiert un engagement particulier (par exemple : un saut, des mauvais pieds, une hauteur inhabituelle) ou parce qu’il est simplement physique. Ainsi, un top-out de difficulté V2 à une hauteur de 20 pieds pourrait vous paraître aussi difficile qu’un mouvement V4 à trois pieds du sol. Il faut s’y habituer, et c’est loin d’être instantané.

De plus, en raison de l’incertitude que procurent les petites prises de pieds, un grimpeur sans expérience aura tendance à rechercher les plus grosses prises de pieds plutôt que celles étant mieux positionnées. On obtiendra ainsi des positions de corps forcés sans grande efficacité ; il vaut mieux s’habituer aux pieds précaires, on ne pourra qu’en tirer profit. Grimper à l’extérieur vous forcera à améliorer votre technique. L’inconnu engendre l’anxiété, vous serez donc moins confiant en vos habiletés qu’à l’habitude. De toute façon, une bonne dose d’humilité fait souvent le plus grand bien.

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Après quelques mois d’escalade intérieure, notre cerveau s’habitue à grimper sur des prises relativement confortables, c’est-à-dire que les prises utilisées ont souvent des formes organiques et arrondies. À l’extérieur, c’est tout le contraire. On échange les immenses prises et volumes contre des petites prises complexes et abrasives. Que ce soit la texture agressive, les rebords tranchants, ou les positions de doigts moins naturelles, tous les aspects de la grimpe extérieure nous force à reconfigurer nos acquis. Tirer fort sur une prise douloureuse demande une force psychologique bien développée, ainsi qu’une certaine expérience pour reconnaître nos limites. De plus, le type de corne formée par les prises de plastique est totalement différent de la corne formée par la roche ; la transition entre les deux nécessite quelques sessions ! Tous ces petits détails, qui d’emblée paraissent anodins, marquent une différence notable entre les deux types d’escalade et rendent leur pratique assez distincte.

Éthique

Ah ! La partie croustillante, enfin ! Comme dans toutes les communautés, celle de l’escalade de bloc possède une éthique bien chatouilleuse. Il vaut habituellement mieux en être informé à l’avance que de l’apprendre à ses dépens d’un grimpeur grincheux. On pourrait en parler en profondeur durant plusieurs pages, je vous présenterai un donc une courte liste non-exhaustive d’éléments à considérer. S’ils paraissent futiles pour certains, ils sont d’une importance cruciale pour d’autre. Prière d’utiliser cette information conjointement avec votre bon jugement.

L’utilisation de tickmarks est très fréquente à l’extérieur. Ces marques de craie sous les prises sont utilisées afin d’améliorer la précision de mouvement ainsi que pour améliorer les chances de réussir les mouvements aléatoires. On essaie de s’en tenir à des petites marques subtiles qui seront facile à effacer avec une brosse. De plus, il est important d’effacer ses tickmarks lorsqu’on quitte le bloc. C’est une question d’esthétisme, et certains grimpeurs plus puristes aiment trouver les solutions au bloc sans aide extérieure, on essaie de respecter cela.

Lorsque plusieurs inconnus essaient un bloc ensemble, on essaie de rester courtois et de laisser la chance à tout le monde d’essayer le bloc. D’ailleurs, si un autre grimpeur brosse les prises, il est généralement déconseillé de donner un essai avant lui, sauf si vous êtes CE GARS LÀ. Habituellement, on ne veut pas être CE GARS LÀ. (cette fille-là non plus !)

Lorsqu’on grimpe dans des zones déjà bien développées, le type de brosse accepté est assez limité. On s’en tiendra à des brosses de poils de sanglier ou de nylon pour ne pas dégrader les prises. Les différents types de roche réagissent différemment au brossage. Par exemple, le grès sera beaucoup plus fragile que le granite. Les brosses de métal ne sont utilisées que pour enlever la mousse des blocs afin de les rendre grimpables à leur ouverture.

De façon plus générale, on essaie d’être respectueux. La communication est clé. Vous avez le beta parfait pour aider un autre grimpeur ? Il est préférable de demander avant de donner du beta non-sollicité. Vous voulez spotter un autre grimpeur ? Il est toujours bien de demander avant. Ayant vu un grand nombre de situations awkward par le passé, la règle d’or semble de ne pas faire de supposition sur les attentes des autres. Better safe than sorry.

Amusez-vous, ne vous prenez pas trop au sérieux, et prenez le temps de découvrir les belles subtilités offertes par la pratique du bloc extérieur.