Il y a une chose qui peut vous rendre extrêmement fort.e ou soudainement très faible et incapable de grimper. Et ça n’a rien à voir avec vos muscles ou vos doigts… C’est ce qui est entre vos deux oreilles. Alors que la saison de l’escalade bat son plein, voici quelques approches qui peuvent vous aider à mieux dompter vos pensées pour grimper plus fort – ou simplement profiter davantage de l’escalade.
Tétanisé.e par la peur?
Tout dépendamment du contexte, la peur peut être une bonne conseillère ou, au contraire, vous retenir. Lorsque vous êtes sur les derniers mouvements d’un «highball», que vous êtes plusieurs mètres au-dessus de votre dernière protection, c’est tout à fait normal d’avoir peur. Si c’est le genre de trucs qui vous parlent, il vaut mieux une exposition graduelle à ces éléments qui vous donnent des sensations fortes. Même entre quatre murs, il n’est pas rare de voir des gens avoir peur lorsqu’ils sont rendus en haut d’un problème. Allez-y donc graduellement : soyez à l’écoute de votre corps et votre discours interne quand vous grimpez, demandez de la rétroaction à des gens sur les risques, testez les chutes (en salle, en bloc à l’extérieur ou en voie). Et bien sûr, bien sûr : engagez-vous quand vous êtes conscient.e des risques.
Si vous tentez d’enchaîner un bloc ou une voie et que vous avez une idée relative des risques, mais que malgré tout, votre tête ne cesse de vous dire que ce sera un vol plané assuré, plutôt que de lutter contre cette idée, tentez simplement une petite phrase : «fais un mouvement de plus». Juste ça. Toucher la prochaine prise et répétez la phrase «fais un mouvement de plus». Vous vous concentrez ainsi sur la tâche à accomplir (grimper) et pas sur les mille scénarios que votre cerveau génère.
La visualisation comme outil
Une façon (démontrée scientifiquement!) qui vous permet de grimper plus fort sans avoir à faire une traction, c’est la visualisation. Imaginer dans votre tête tous les mouvements du bloc ou de la voie que vous travaillez. Tentez d’aller plus loin : la texture des prises sous vos doigts, où votre pied gauche doit-il aller, la sensation du prochain mouvement. Tout ça va vous aider à préparer votre corps et votre esprit à faire les mouvements. Les études montrent que les athlètes qui font de la visualisation performent mieux et sont moins susceptibles d’être anxieux.ses. Une combinaison gagnante!
Anxiété de performance
Le hic, avec le fait de vouloir grimper fort, c’est aussi qu’on peut se mettre beaucoup de pression. Ce qui peut même devenir paralysant. «Je veux absolument ‘flasher’ ce problème», «pourquoi est-ce que je ne grimpe pas aussi fort que Georges ou Henriette? », «j’aurais dû être capable d’enchaîner cette voie en trois essais». De telles ruminations pourraient vous pourrir une ou plusieurs séances! Et les réseaux sociaux pourraient bien vous faire sentir comme si tout le monde peut grimper V17 sauf vous! Mais non : tout le monde échoue en escalade, ça fait partie du processus. Ne vous comparer qu’à vous-mêmes : chaque corps, chaque personne est différente. Assurez-vous aussi de vous rappeler pourquoi vous aimez l’escalade. Peut-être est-ce pour vous la résolution de problème, le sentiment de bien-être quand vous êtes sur le mur, le mouvement dans l’air ou simplement de passer du bon temps avec des ami.e.s.
Tenir un journal
Ce n’est pas pour tout le monde, mais certaines personnes pourraient bénéficier de tenir un petit journal sur leur escalade. Inscrivez la «qualité» de votre séance, ce que vous avez ressenti, ce que vous avez aimé ou moins aimé. Vous pourriez mieux comprendre et répéter les choses que vous appréciez dans la grimpe.
Des quêtes secondaires
Un clin d’oeil à nos amateurs et amatrices de jeux vidéos. Vous ne voulez pas vous casser la tête sur le seul et même problème, que ce soit sur un mur à l’intérieur ou sur un caillou à l’extérieur? Trouvez-vous une quête secondaire un peu plus facile. Claquez des essais dans le projet du jour difficile, mais passez du temps sur votre projet secondaire. Vous pourrez ainsi travailler quelque chose de difficile mais aussi faire des progrès, que ce soit sur votre but principal ou secondaire. Ce qui aide, bien sûr, à garder de la motivation! C’est comme pirater son cerveau…
Ne pas oublier que vous êtes humain.e
Aujourd’hui, vous pensiez être en super forme et tout enchaîner… mais voilà, vous échouez dans des problèmes que vous avez déjà réussi, vous vous sentez comme un sac de patates qui tente de se hisser sur une dalle? Je me sens comme ça régulièrement… Vous avez peut-être eu une journée éprouvante, une situation qui vous stresse, moins de sommeil, pas assez mangé avant la séance, peut-être que votre chat vous ignore. L’escalade n’est pas tout à fait une activité en vase clos du reste de votre vie. Faites preuve d’empathie avec vous même. Peut-être noter certaines choses qui vous aident à avoir une meilleure séance et tentez de les répéter. Mais surtout, profiter de l’escalade.

