Ah! Les cotations! Hier je n’ai pas réussi un V4. Cauchemar. La semaine dernière j’avais réussi deux V6. Mais pas hier, pas de V4. J’étais vraiment fâché. Mais aujourd’hui j’ai presque réussi un V7, alors j’étais ben ben content. Pis en plus, tout le monde m’a vu en train de presque réussir le V7. En tombant du V7, que tout le monde m’a vu presque réussir, j’ai entendu deux gars se dire que c’était sûrement rien qu’un V5. Hein! Alors là je ne sais plus trop si j’suis content ou frustré. Une chose est certaine, les ouvreurs n’ont pas trop l’air de savoir ce qu’ils font.
La cotation des blocs, bien avant l’ouverture du Bloc Shop, a toujours été un sujet chaud en escalade. Le système que l’on utilise est celui qui est le plus répandu en Amérique, c’est le système de cotation Vermin (d’après le surnom de son créateur John Sherman) qui est apparu dans les années 1980 à Hueco Tanks au Texas. C’est un système ouvert qui, pour l’instant, comprend des blocs entre V0 et V17. En bref, un chiffre est apposé à chaque bloc afin d’évaluer sa difficulté physique. Quelques critères sont à considérer : le type de bloc, l’engagement nécessaire, la difficulté des mouvements et le type de prise, entre autres.
Bien entendu, on se rend rapidement compte que ces cotations sont subjectives en raison des différences entre les grimpeurs : la grandeur, le poids, le « reach », le style, les forces et faiblesses de chacun sont tous des facteurs uniques à chaque grimpeur qui influenceront la difficulté des blocs. Au final, la cotation octroyée à un bloc à l’extérieur sera un consensus auprès de ceux qui auront réussi son ascension. Elle évoluera au fil du temps avec les opinions différentes et les nouvelles méthodes trouvées. C’est donc dire que pour établir une cotation solide, on aura besoin de quelques années. Même à ce moment, beaucoup d’opinions divergentes prendront plaisir à contester ce consensus.
Parfois les prises sont un peu plus loin qu’on le voudrait…
Revenons-en au Bloc Shop. Chaque semaine, les ouvreurs proposent entre 20 et 25 nouveaux blocs par gym aux clients. Ces blocs restent sur les murs durant cinq semaines tout au plus. Les ouvreurs testent et proposent des cotations afin de guider les clients. Ainsi, on ne peut compter sur la variable du temps pour nous aider à proposer des cotations « justes ».
Le but premier avec le système de cotation au Bloc Shop est de fournir aux clients une indication constante afin de les guider dans leur choix de bloc. Même avec plusieurs années d’expérience, il reste difficile d’attribuer des cotations aux blocs de façon systématique et sans erreur. Ainsi, de semaine en semaine, les difficultés varieront un peu. Plusieurs facteurs entrent en jeu: est-ce que les ouvreurs étaient plus en forme cette journée-là? Est-ce ceux qui ont testé les blocs de crimps sont blessés aux doigts? Est-ce que les prises du bloc que vous essayez sont plus sales qu’il y a quelques semaines? Durant l’été, faisait-il moins chaud lorsque les ouvreurs ont testé le bloc? Ce ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres qui affecteront la cotation des blocs d’une semaine à l’autre. D’ailleurs, ce sont tous des éléments que les ouvreurs tiennent compte lorsqu’ils apposent une cotation sur un problème. L’évaluation d’une difficulté reste toutefois trop subjective pour être une science exacte.
Ainsi, si les blocs sont plus faciles une semaine donnée, profitez-en! S’ils sont plus difficiles, laissez votre égo de côté et amusez-vous. Une chose est certaine, la variation dans les difficultés est impossible à enrayer malgré toute l’expérience et les bonnes intentions de nos ouvreurs. Et, il faut l’admettre, des fois (ou souvent?) ils se trompent carrément…