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Être fort·e ou léger·ère en escalade?

Attention : ce texte traite de certains troubles de l’alimentation, nous préférons vous en avertir

FORCE OU LÉGÈRETÉ?

La lutte contre la gravité est assez injuste : plus souvent qu’autrement, c’est la gravité qui gagne. Il serait tentant de penser que d’être plus léger.ère mènerait forcément à de meilleurs résultats. Après tout, l’histoire de l’escalade abonde de grimpeurs ou grimpeuses à la silhouette découpée qui semblent gambader sur la roche ou le plastique.

Mais depuis quelques années, des entraîneurs et des athlètes font un pari différent : miser sur la force avant tout, et moins se soucier de son poids, pour plusieurs raisons. 

D’abord : des muscles et un corps bien alimentés, à l’image d’une automobile au réservoir plein, vont pouvoir donner de biens meilleurs résultats. Et la force peut constamment s’entraîner – à tout âge! On peut tenter de perdre du poids, mais éventuellement, il y a une limite objective qui ne peut être dépassée. Gagner en force, par contre, peut se faire de façon beaucoup plus soutenable. 

Ensuite : la récupération se fait de façon plus efficace avec plus de nutriments disponibles. Bonjour les glucides!

C’est sans compter que de priver son corps de calories – en petite ou grande quantité – peut causer un stress, mental et physique, qui peuvent jouer sur votre performance et sur votre qualité de vie.

Et un autre bon argument : des muscles, ça vous permettra d’ajouter des années de qualité à votre vie.

PRIORISER LA FORCE

Que l’escalade soit votre vie ou un passe-temps, il n’en reste pas moins important de garder une relation saine avec la nourriture – parce que vous devez vous nourrir bien au-delà du moment où vous êtes au gym ou à la paroi. 

Un influenceur de l’escalade a d’ailleurs fait une expérience intéressante, c’est à voir ici . En résumé, Emil Abrahamsson parle de son parcours avec l’évolution du poids au fil des ans, et plus particulièrement de ce qu’il appris l’année dernière en passant de 76 kg (167 lb) à 85 kg (187 lb) et en grimpant plus fort que jamais.

 

Un homme aux cheveux longs, torse nu, escaladant un mur d'escalade intérieur, tendant le bras pour atteindre la prise suivante. photo en noir et blanc.
Emil Abrahamsson dans un entrainement de campus board. ©Emil Abrahamsson

Évidemment, c’est à prendre avec un grain de sel : c’est un grimpeur assez expérimenté qui a tenté quelque chose, cela ne veut pas dire que tout le monde obtiendrait les mêmes résultats…

Ça mérite tout de même de s’attarder sur cette notion : le poids, en escalade, ce n’est pas tout. Il y a la technique, la force, la souplesse, l’aspect mental : tous ces aspects se travaillent et peuvent vous permettre de progresser.

C’est que l’escalade part de loin : un sport où l’anorexie a pu être souvent glorifiée et même encouragée, parce que grimpeuses et grimpeurs ont privilégié moins manger pour tenter de mieux grimper. Et si, à court terme, il y a eu des résultats, à plus long terme, c’est moins vrai.

Plusieurs grimpeuses et même des grimpeurs ont livré des témoignages à ce sujet au cours des dernières années. Que ce soit de ne pas avoir ses règles parce qu’on est sous-alimentée pour des femmes ou des fractures de stress pour des hommes, couper ses calories a des conséquences.

Et il y a des exemples qui montrent que c’est tout à fait possible de performer sans faire de diète ou d’obséder avec son poids. La grimpeuse canadienne Allison Vest a écrasé des problèmes jusqu’à V14, récolté trois titres nationaux et a toujours ouvertement refusé de réduire son poids pour la grimpe. 

Image en noir et blanc d'une femme grimpant sur un rocher escarpé et déchiqueté, se concentrant attentivement alors qu'elle saisit le rocher à deux mains.
Allison Vest sur un V12 à Red Rocks. ©Sean Faulkner

Chez les hommes, Kai Lightner, après avoir fait face à ses troubles alimentaires, a récemment enchaîné du 5.15a, sans tenter d’être aussi léger que possible.

Même du côté de la compétition, la Fédération internationale d’escalade, l’IFSC, a mis en place des règles pour combattre les troubles alimentaires qui prévalent chez les athlètes. Des règles certes critiquées, mais c’est un signe que c’est du sérieux, cette relation entre la nourriture et la grimpe.

Alors que devrait-on retenir? Ne manger que du céleri dans l’espoir d’être plus légèr, ce n’est pas une solution. Devenir plus fort·e, ça donne toujours des résultats.

Besoin d’ aide? Bloc Shop a une équipe d’entraîneurs qui peut vous aider.